Yves Desrichard
Éditeur : Electre-Ed. du Cercle de la Librairie
Collection : Bibliothèques
Parution : décembre 2017
Compte rendu réalisé par :
Frédéric Bricaud
Technicien en documentation à la Direction de la numérisation
BAnQ
Février 2018
Cinquante ans de numérique en bibliothèque française : un parcours tout sauf linéaire, fait de paris gagnés ou perdus, de fulgurances comme d’impasses, et un voyage jalonné de turbulences au sein des extraordinaires changements technologiques qui ont mené les bibliothèques de l’informatisation naissante des années 1960 à l’omniprésence du numérique, via l’explosion de l’internet.
Yves Desrichard nous prend par la main et nous propose un panorama exhaustif de ce demi-siècle si signifiant, des premières expérimentations d’automatisation du prêt et du catalogage, jusqu’à l’intégration de toutes les fonctions bibliothéconomiques au sein de portails numériques censés rapprocher la bibliothèque de ses usagers.
Durant cette période, les bibliothécaires ont dû faire face à de nombreux défis, qu’ils voyaient pour la plupart comme autant de remises en question de leur pré carré : comment capter une clientèle devenue addictive aux moteurs de recherche généralistes qui lui offrent un terrain de jeu infini, fût-ce au prix d’un bruit que seuls les professionnels de l’information tiennent pour problématique ? Comment s’ouvrir au Web sémantique et prôner l’interopérabilité lorsque l’on traîne comme un boulet des formats maison qui ne sont plus adaptés aux enjeux actuels de la recherche et du croisement de l’information ? Comment faire de cette prodigieuse révolution numérique non plus une contrainte et un danger, mais une chance unique d’interagir avec les usagers en leur proposant un accès, une diffusion et une mise en valeur inédite de leurs collections ?
L’auteur divise son ouvrage en cinq temps forts de cette révolution numérique : le temps des pionniers, le temps des découvreurs, le temps des bâtisseurs, le temps des expérimentateurs et le temps des médiateurs. Il évoque tout autant les projets locaux émanant de bibliothèques universitaires ou publiques et de la Bibliothèque nationale de France, que la politique culturelle des pouvoirs publics, qui ne brille pas par son uniformité tant les organismes de tutelle sont changeants, ce qui va séparer durablement bibliothèques publiques et universitaires, et freiner bon nombre de tentatives de catalogues collectifs ou partagés. Le parcours ne manque pas de réussites, de l’agence bibliographique de l’enseignement supérieur (ABES) à Gallica, en passant par le consortium Couperin (initiative qui là encore n’émane pas du ministère mais d’une association de bibliothèques universitaires), mais aussi d’échecs retentissants, comme celui du Minitel.
Le lecteur devra se frayer un chemin dans une forêt hétérogène de projets aux acronymes redoutables (presque deux cents, réunis dans un index !) représentative de la confusion et du manque de vision d’ensemble qui a parfois empêché la profession de progresser, plus loin et plus vite, et surtout dans la bonne direction. Si la matière est touffue et les termes parfois techniques, l’auteur n’est jamais obscur, et parvient à donner une vue d’ensemble des évolutions techniques et des conséquences qu’elles ont eues sur le monde bibliothéconomique, tout en mettant l’accent sur les grands enjeux actuels, comme le livre numérique et ses problématiques juridiques, le libre accès ou le web sémantique.
Un ouvrage complet, bien documenté, qui devrait satisfaire tous ceux que l’histoire du numérique en bibliothèque passionne !
Commande
Date de parution : 1er décembre 2017
Édition : Electre-Ed. du Cercle de la Librairie
ISBN : 978-2-7654-1550-3
Pour plus d’information : 514 281-5012